18/02/2016 | Séminaire : Temps de la nature et temps de l'histoire : quelques remarques sur le Journal de Victor Klemperer et de Joseph Goebbels |
Evénement proposé pour le réseau par Anouchka Vasak
---------------------------------------------------------------------------------------- Alain Parrau, auteur de Ecrire les camps, Belin) « Temps de la nature et temps de l'histoire : quelques remarques sur le Journal de Victor Klemperer et de Joseph Goebbels » |
Compte-rendu |
Alain Parrau, auteur de Ecrire les camps, Belin Ces deux journaux obéissent à des intentions différentes : celui de Victor Klemperer (1881-1960), professeur à Dresde, intellectuel juif allemand, est un témoignage direct de la catastrophe provoquée par l’arrivée des nazis au pouvoir. Celui de Josef Goebbels (1897-1945) est apologétique : il est conçu pour exalter le rôle historique de son auteur. Le premier veut abriter une intimité de plus en plus menacée à mesure que les persécutions s’aggravent ; le second rapporte presque exclusivement les conversations avec Hitler ou de hautes personnalités du régime. Dans les deux cas, les notations météorologiques sont inscrites dans l’alternative ami/ennemi : le temps de la nature est pris dans un antagonisme politico-militaire radical. Cette inscription est bien sûr inversée : ce qui réjouit Goebbels accable Klemperer, et vice versa. Sur le front russe, on peut suivre dans le journal de Goebbels l’importance accordée au temps qu’il fait, accusé d’être le principal responsable des difficultés de l’armée allemande. En invoquant à plusieurs reprises un « Dieu du climat », le ministre de la propagande transforme la météo en figure du Destin. Pour Victor Klemperer, celle-ci ne prend pas seulement une valeur « stratégique », mais garde l’écho des souvenirs de la vie d’avant. Le temps qu’il fait, le printemps en particulier, ajoute à la mélancolie du temps qui passe celle de la liberté perdue. |