09/03/2021 | Séminaire : La prévision saisonnière Les saisons dans l’architecture et les jardins japonais |
Evénement proposé pour le réseau par Anouchka Vasak
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La séance aura lieu de 14h à 16h en visio-conférence avec le lien "gotomeeting" |
Compte-rendu |
Lauriane Batté (Météo France). La prévision saisonnière Qu’appelle-t-on « prévision saisonnière » ? Ce n’est pas le fait de prévoir le cycle astronomique des saisons, même si le rayonnement solaire incident joue un rôle à prendre en compte. Ce ne sont pas non plus les proverbes ou dictons tels « Noël au balcon, Pâques aux tisons ». C’est anticiper entre 1 à 6 mois à l’avance les écarts par rapport à des normales climatologiques. On peut fournir une information sur les statistiques du climat en tenant compte :
Pour prévoir les écarts, on recourt à des modèles statistiques et dynamiques (évolution de l’atmosphère, océans…). L’échelle de prévisibilité va du local au global en passant par l’échelle « méso ». La saison relève de l’échelle régionale à globale, l’échelle saisonnière est donc à la croisée de deux types de prévision. Les sources de prévisibilité majeures sont :
Il y a également des phénomènes à plus courte échéance comme cette année la vague de froid de février, peut-être liée à un phénomène stratosphérique. Application et utilité des prévisions saisonnières :
L’échelle intra-saisonnière (deux semaines à deux mois) est également primordiale pour la prise de décision. Le réchauffement climatique intervient surtout au moment de l’initialisation du modèle, et quand on fait des évaluations de performance du modèle. Philippe Bonnin (CNRS). Les saisons dans l’architecture et les jardins japonais. Les Japonais ont l’habitude de dire qu’ils ont 4 saisons : haru (printemps), natsu (été), aki (automne), fuyu (hiver). Le problème est que cette affirmation est assez récente et vise à les faire entrer dans le concert des nations occidentales. Ils veulent se différencier des pays de mousson qui les entourent (2 saisons, une sèche et une humide). Il y a en fait 6 régions climatiques. Il existait aussi un calendrier archaïque « naturel », fondé sur la succession de gestes à faire dans la culture. Ce calendrier réapparaît dans de nombreuses pratiques, car il donne une chronologie du travail agricole (ex : « Quand le coucou chante, sème le millet »). En outre, on a importé le calendrier chinois en 602 : l’année y est divisée en 24 souffles, et le pays est subdivisé en 72 climats. Mais le Japon n’est pas la Chine du Nord ! Ce calendrier est donc connu des lettrés sans qu’il corresponde vraiment à la culture japonaise. On s’en tient aujourd’hui à 72 saisons, 8 registres, 6 régions climatiques. Parmi ces registres, il y a les dictons ou proverbes, et les pratiques : domestiques (faire sécher ou non son linge dehors…), agricoles jardinières, urbaines ; mais aussi les fêtes et rites sociaux, très partagés, les mots de saison dans la poésie (haïku notamment) ou encore les indices picturaux. Par exemple pour le printemps, haru : purification du 4 février (la maison est purifiée avec des pois de soja lancés vers l’extérieur pour commencer le nouvel an – setsubun), la purification des corps (misogi), la semonce aux arbres fruitiers, le toshi-gi (grosse bûche de l’année), la floraison du prunier (ume), du cerisier, le front d’avancée de la floraison et du pollen, la fête du Hanami (on se réunit pour admirer les fleurs). A Kyoto, il y a de nombreuses fêtes liées à la saison : par exemple la fête du lancement du printemps, celle de l’inauguration des travaux agraires (Hata-iri), la floraison des glycines en mai, la procession pour conjurer la peste (16-17 juillet)… Lors du koromogae (1er juin, été), on change beaucoup de choses : le futon, les couvertures, les vêtements, tapis, couvertures (le coton épais est remplacé par la soie) ; on ferme le kotatsu (chaufferette collective), on ouvre la maison, on est à l’affût du moindre courant d’air. Tous les jours quelque chose de nouveau arrive : saison des libellules, des lucioles, des grenouilles, de la poussée des bambous… Le 7 juillet c’est la fête de la canicule. Les saisons donnent une leçon à la société, celle du recalage incessant. Bibliographie :
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