Compte-rendus de lecture
30/11/-0001 Compte-rendu de lecture de : Les métamorphoses du climat
Evénement proposé pour le réseau par Martine Tabeaud
  • Auteur : Denis Lamarre
  • Date de parution : 01/01/2016
Description complète :

Climats et géoclimatologues d'aujourd'hui

Compte rendu du livre de Denis Lamarre « Les métamorphoses du climat »
Editions Universitaires de Dijon, 2016, 93 pages.

Un petit livre par son format "de poche" et son nombre de pages. Mais un livre engagé, terrain sur lequel les universitaires s'aventurent peu. Il est vrai qu'en matière de climat vu par les géographes, il y eut un prédécesseur Charles Pierre Péguy avec " Jeux et enjeux du climat" (Masson, 1989, 256 p.).

Son auteur. Denis Lamarre est géographe, professeur de climatologie à l'université de Dijon, membre du Centre de Recherches de Climatologie fondé par Pierre Pagney. Denis Lamarre fut responsable du Groupement de Recherche sur les risques climatiques (GDR 2663 RICLIM), équipe pluridisciplinaire qui a publié plusieurs synthèses sur ces thématiques. C'est dire si l'auteur de ce livre est familier, des climats et de leurs contraintes depuis les régions intertropicales du Panama où il a fait ses thèses jusqu'à la Bourgogne où il vit.

Son titre. Les métamorphoses. On pense aux Métamorphoses du poète Ovide, qui reconstruit le fil, l'unité du monde depuis le chaos originel jusqu'à l'empire romain, à partir d'œuvres disparates. Ici, il ne s'agit pas de souligner un quelconque passage d'une forme larvaire à une forme juvénile ou adulte. Mais de constater les changements, les mutations qui conduisent à la nécessité de "géographier le climat", ce qui "consiste à le placer dans le jeu des relations nouvelles avec les faits humains" (p. 66) et en particulier avec les institutions onusiennes et donc les états.

Ses constats. Il y en a trois. Le premier, le réchauffement planétaire depuis le Petit Age de Glace est indubitable. Le second, ses causes. Elles sont probablement pour une part astronomiques (positions respectives du soleil et de la planète Terre), et d'autre part d'origine humaines, avec les émissions de gaz à effet de serre. Le troisième, les impacts. Les changements supposent des réactions adaptées.

Ses messages. L'auteure de ce compte-rendu en sélectionne trois.

Il n'existe pas de climat "global", notion "récente, dans l'air du temps" (p.20). Tout le premier chapitre, dissocie hausse d'ensemble de la moyenne des températures et climat "global". La hausse est générale ce qui ne signifie pas qu'elle crée un unique climat. Les climats se sont toujours conjugués au pluriel. Il n'existe qu'une somme de climats locaux. Et tous sont affectés par des changements. Ce à quoi souscrivent tous les géoclimatologues.

Dans le chapitre deux, Denis Lamarre reprend l'idée, selon lui "tombée en déshérence", de potentiel climatique, c'est-à-dire "d'ensemble évolutif de connections entre les faits huma :ins et les phénomènes climatiques, mis en œuvre par une société humaine dans son territoire". Chaque climat procure des ressources et comprend des contraintes et des risques pour une société donnée à un moment donnée de son histoire. Les climats changent, les sociétés et leurs "pouvoirs publics" et "agents socio-économiques" ( p.41) aussi. Ce que chacune fait avec (grâce et contre) son climat lui est spécifique.

Dans le chapitre intitulé « géographie climatique », il est question de géoclimatologie appliquée, à l'agriculture, aux villes, et donc des impacts des changements climatiques. Denis Lamarre incite donc ses collègues, qui ne sont "pas des géocrates et restent à l'écart de l'agitation du sérail politico-médiatique" (p. 86) mais "à adhérer à la démarche de la prospective, indiscipline intellectuelle qui n'a pas pour objet de prédire l'avenir, mais d'aider à le construire<i>", comme le dit P. Massé .

 
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