Compte-rendus de lecture
01/10/2013 Compte-rendu de lecture de : « La pluie », n° 12 de Météo Magazine
Evénement proposé pour le réseau par Alexis Metzger
  • Auteur : Robert Bolognesi (dir)
  • Date de parution : 27/07/2013
Description complète :

Roberte Bolognesi (dir.), « La pluie », n° 12 de Météo Magazine, édition METEORISK, Sion, 2013, 68 pages.

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps

Ce sont les paroles de L’orage que chantait Brassens. A l’écouter, on se plonge volontiers dans le douzième numéro de la revue biannuelle suisse Météo Magazine. Car cette nouvelle édition propose de faire découvrir la pluie, un météore aux multiples facettes. Et c’est un vrai panorama pluvieux que les contributeurs tissent au gré des courts articles de ce numéro.

Depuis la connaissance des processus physiques créant la pluie (rappelés p. 35), dans les années 1930, les recherches se sont affinées. Elles portent tant sur les façons de « faire pleuvoir » que de prévoir les précipitations grâce à des modèles. Pour les premières, « peu d’expériences ont pu être validées rigoureusement » (p. 50) et si on comptait 44 projets d’augmentation des précipitations par an en moyenne entre 1984 et 2002, le chiffre diminue ces dernières années. Les modèles de précipitation restent quant à eux plus ou moins précis. S’il est toujours impossible de savoir où un orage va éclater, des modèles utilisant des « schémas de paramétrisation » tentent d’affiner le maillage en le réduisant à moins d’1 km (p. 34). Reste que les variations de vent, de températures ou d’humidité ne peuvent être parfaitement simulées. On regrettera ici que la discussion sur la pertinence des modèles se limite aux modèles de prévision du temps à quelques heures ou jours alors que plusieurs travaux sont aujourd’hui entrepris pour modéliser, par exemple, la mousson (date d’arrivée, intensité…).

C’est également sous l’angle socio-culturel que ce numéro aborde la pluie. Car, comme tout phénomène météorologique, la pluie est perçue par des acteurs qui la nomment, la filment, la photographient… On lira avec intérêt les articles portant sur l’origine et l’interprétation religieuse ou symbolique du déluge. C’est ainsi que l’on apprendra que l’élévation du niveau de la mer Noire (lieu probable du déluge biblique), peut-être de 30 à 40 mètres, pourrait être due à un séisme (p. 30). Dans une perspective plus « contemplative », un météophile nous livre de belles images de nuages d’orage dans des plaines et plateaux français. Mention spéciale pour cet arcus photographié dans l’Eure-et-Loir en 2011 (p. 16). C’est le portfolio de ce numéro qui rappelle, comme dirait Martin de la Soudière, qu’ « il est de belles pluies »…

Le mérite de ce numéro est également de rappeler que la pluie peut être aussi bien désirée que détestée. Eternelle ambivalence de ce météore, répartie inégalement sur la planète, au cours des mois et selon les années (p. 39)… Quand il pleut, il pleut toujours trop ; et quand il ne pleut pas, il n’y a pas assez d’eau. Les scénarios catastrophes de précipitations en Valais (p. 40), pouvant entraîner des débordements spectaculaires des cours d’eau, contrastent avec les sécheresses alpines et l’organisation mise en place pour transporter l’eau, les fameuses bisses dont le musée vient d’ouvrir à Ayent, près de Sion. Faudrait-il alors créer le poste de la divinité régulatrice des pluies, comme l’annonce avec humour l’éditorial de ce numéro ? Qu’on se rassure, d’autres s’en sont chargés et l’ont appelée Ibo, Lovedu ou Zduhac… avec un succès malheureusement limité.

Ce numéro retient donc l’attention par la pluralité de ses angles d’attaque. Même si les sujets liés à la pluie sont infinis, il en offre un bel aperçu et nous incite à regarder différemment la pluie qui tombe. Et pour rester au sec, rien de tel que les différents modèles de parapluie fantaisistes présentés (p. 56). A choisir, le modèle espionnage (camouflage ?) serait incontestablement mon préféré !

 
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