Compte-rendus de lecture
08/02/2008 Compte-rendu de lecture de : Notre santé à l'épreuve du changement climatique
Evénement proposé pour le réseau par Martine Tabeaud
  • Auteur : Jean-Pierre Besancenot (Delachaux et Niestlé)
  • Date de parution : 11/10/2007
Description complète :

Entre catastrophisme et optimisme, un plaidoyer pour préparer l'avenir en matière de santé

L’intérêt concernant les liens Climat/santé est nouveau, ou du moins renouvelé par le changement climatique: une place importante est accordée à la «menace sanitaire». En quoi le changement climatique modifie-t-il la santé?
- d’une part, par les nouvelles conditions écologiques plus ou moins favorables à la survie de germes pathogènes, de vecteurs…
- d’autre part par les effets exercés par le nouveau climat sur le fonctionnement des organismes humains (les maladies cardio-vasculaires en sont un bon exemple).

C’est donc une question légitime. Si le climat change, les répercussions seront multiples.

Le sujet est souvent abordé de façon biaisée. Les débats privilégient des risques tenus et passent sous silence de vrais dangers.

Le palud en région de climat tempéré a été éradiqué grâce à l’assainissement des marais et au DDT. Aujourd’hui, autour des aéroports des pays riches, lorsque quelques cas importés apparaissent, elles ne donnent pas lieu à des épidémies, parce que celles-ci sont maitrisées par les services de soins. L’impact du palud est donc lié aux conditions économiques, au niveau de vie des populations d’un territoire donné.

A l’opposé les lechmanioses, qui sont transmises par des moucherons vivant dans des conditions thermiques et hygrométriques précises, s’étendent en France du sud-est depuis les quatre foyers initiaux vers l’ensemble des départements au sud de Lyon… Or, on n’en parle pas…

La santé est depuis toujours un sujet idéal pour faire peur et se faire peur. S’il est évident qu’une élévation de température va faciliter la multiplication de nouveaux vecteurs, elle va entraîner aussi des disparitions, les efforts d’adaptation demandés à certaines espèces étant au-dessus de leurs possibilités. Les maladies hivernales, qui sont celles qui en France s’accompagnent de la plus forte surmortalité (9000 morts en janvier 1985), devraient être moins mortifères.

La santé est une grande absente des modélisations sur les conséquences du changement climatique parce que la notion d’adaptation est difficile à introduire dans les modèles car elle est complexe: physiologique, technologique, comportemental. Par exemple, au bout de dix ans environ, les individus s’adaptent aux nouvelles conditions climatiques du lieu où ils vivent. C’est avec 41°C à Séville et seulement 27°C à Bruxelles, qu’un résident commence à ressentir les premiers signes de «coup de chaleur».

La part du changement climatique est largement surévaluée lorsqu’apparaît une épidémie. Tel est le cas de l’épidémie de palud en Ouganda en 1994. Or une analyse précise montre que dans les trente dernières années la température est restée stable. Mais que l’accroissement de population a conduit à défricher puis cultiver des fonds de vallée autrefois occupés par des marais à papyrus. Comme les papyrus sécrètent à la surface de l’eau un corps gras qui empêche le renouvellement des moustiques, le vecteur n’existait pas tant que les bas fonds étaient des marécages. Mais ce constat suppose un travail de terrain et le déclin alarmant du nombre de spécialistes des vecteurs les entomologistes, fait craindre pour l’avenir.

Le climat et le temps météorologique n’agissent pas mécaniquement sur les hommes sans référence aux pratiques culturelles, aux conditions économiques et techniques… Il devrait être «aisé» de commercialiser un vaccin contre le palud qui éviterait un million de morts par an… mais cela concerne principalement les pays pauvres! En France, le vieillissement de la population sera le facteur de vulnérabilité numéro un à l’avenir: 4,5 à 5 millions de Français auront plus de 65 ans en 2050. Le changement climatique ne s’exprime dans un territoire qu’au travers de ces déterminants socio-économiques, démographiques, culturels. Il ne suffit donc pas d’accumuler les connaissances, il faut en tirer les conséquences et apprendre à vivre avec «le nouveau climat». Comme «le pire est le pire quand il prend par surprise», la prévision, la prévention sont au cœur du sujet. Si l’INVS et l’INSERM sont très opérationnels pour les maladies infectieuses et parasitaires, ce n’est pas le cas pour toutes les maladies qui menacent les Français.
 
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